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Avenir énergétique : pourquoi ne pas miser sur l’hydrogène ?

On imagine mal une machine lancée à toute vapeur sans qu’un seul panache de fumée ne vienne griffer le ciel. Pourtant, c’est exactement ce que promet l’hydrogène : réconcilier puissance et discrétion, énergie et silence. Tandis que la planète bruisse d’espoirs autour des batteries survoltées, une frange d’irréductibles mise tout sur cette minuscule molécule, persuadée que la vraie révolution n’aura pas le goût du lithium, mais la légèreté de l’air.

Mais alors, qu’est-ce qui retient cet élément, capable de s’échapper vers l’espace, d’embraser l’imaginaire… et pourtant de piétiner dans nos infrastructures terrestres ? Entre promesses spectaculaires, coûts dissuasifs et infrastructures balbutiantes, l’hydrogène soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses toutes faites. Faut-il attendre le grand soir électrique, ou parier sur ce gaz discret qui pourrait bien changer la donne ?

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Où en est la transition énergétique mondiale ?

La transition énergétique mondiale prend de la vitesse, mais la route vers la neutralité carbone reste parsemée de ralentisseurs. D’après l’agence internationale de l’énergie, la part des énergies renouvelables continue de grimper, portée par le dynamisme de l’éolien et du solaire. L’Europe multiplie les investissements sous la bannière de l’Accord de Paris, réduisant peu à peu ses émissions de gaz à effet de serre. En France, le nucléaire donne au mix électrique une allure décarbonée, mais les secteurs comme le transport ou l’industrie lourde restent les maillons faibles du système.

Les chiffres clés à retenir

  • Près de 30 % de l’électricité mondiale provenait des renouvelables en 2023.
  • Pour maintenir la trajectoire de +1,5 °C, il faudrait doubler la cadence d’ici à 2030.
  • L’Europe vise la neutralité carbone d’ici 2050 ; la France se fixe le même horizon.

Mais cette transition énergétique avance à plusieurs vitesses. Tandis qu’une partie du globe fonce, d’autres territoires restent englués dans le carbone. Ce qui fait consensus : pour relever le défi, il faut accélérer le basculement vers des sources sans émissions et diversifier le bouquet énergétique. Et c’est ici que l’hydrogène commence à sortir de l’ombre : il pourrait bien devenir le chaînon manquant, capable de lisser les faiblesses des renouvelables et d’élargir le champ des possibles.

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Hydrogène : promesses et réalités d’un vecteur d’avenir

Impossible d’évoquer la transition énergétique sans parler de l’hydrogène, ce vecteur énergétique qui intrigue autant qu’il fait rêver. Sa force : stocker et restituer l’énergie, en particulier celle issue des renouvelables. Dans les piles à combustible, il alimente déjà des véhicules expérimentaux ou des projets industriels portés par des géants comme Toyota, Hyundai, BMW ou Airbus.

Mais attention aux raccourcis. L’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau avec de l’électricité décarbonée, reste l’exception : aujourd’hui, la quasi-totalité du gaz consommé provient encore du gaz naturel, et charrie sa part d’émissions de gaz à effet de serre.

Pour que la filière hydrogène devienne une alternative crédible, il faudra massifier l’électrolyse et faire chuter les coûts. Plusieurs secteurs sont sur la ligne de départ :

  • L’industrie lourde (raffinage, chimie, acier) veut remplacer charbon et gaz.
  • La mobilité lourde (camions, trains, avions) mise sur la densité énergétique du gaz.
  • Le stockage massif d’électricité renouvelable, pour compenser les à-coups de production.

Des groupes comme Air Liquide investissent à tour de bras pour structurer une économie de l’hydrogène intégrée, de la production à l’utilisation. L’ambition : relier la montée en puissance des renouvelables aux besoins industriels et mobiles, sans dépendre des hydrocarbures.

Quels obstacles freinent aujourd’hui le développement de l’hydrogène ?

La filière hydrogène ne bute pas seulement sur des questions de technologie. Les freins sont nombreux et parfois inattendus dans la transition énergétique.

D’abord, la production par électrolyse – censée garantir un hydrogène propre – reste marginale. Plus de 95 % du gaz produit dans le monde provient du gaz naturel, perpétuant les émissions de gaz à effet de serre. Basculez massivement vers l’électrolyse ? L’équation économique est complexe : tout dépend du prix de l’électricité renouvelable et du niveau d’investissement industriel.

Autre verrou, les infrastructures font cruellement défaut. Pour bâtir une vraie économie de l’hydrogène, il faudra :

  • déployer des réseaux de transport adaptés,
  • installer des stations de ravitaillement capables de soutenir la mobilité lourde,
  • assurer un stockage sûr et efficace à grande échelle.

La sécurité n’est pas non plus un détail. L’hydrogène est plus volatil que le méthane : il impose des normes draconiennes pour éviter tout incident, de la production au transport, en passant par le stockage.

Enfin, la compétitivité économique reste à conquérir. Tant que le prix de l’hydrogène vert dépassera largement celui des énergies fossiles, l’industrie et la mobilité resteront prudentes. Les prochaines années seront décisives : la demande mondiale pourrait bien exploser, mais il faudra d’abord lever ces obstacles pour transformer l’essai.

hydrogène énergie

Des pistes concrètes pour intégrer l’hydrogène dans le mix énergétique

La stratégie hydrogène prend forme à toutes les échelles. Les gouvernements sortent le carnet de chèques : la France injecte 9 milliards d’euros dans la filière d’ici 2030, le Canada déroule une stratégie nationale ambitieuse pour l’hydrogène vert.

Trois leviers émergent clairement :

  • Accélérer l’électrolyse alimentée par des énergies renouvelables pour réduire l’empreinte carbone.
  • Créer des pôles industriels régionaux capables d’absorber de gros volumes de gaz, à l’image des clusters pilotés par Air Liquide ou portés à l’échelle européenne.
  • Déployer des infrastructures : réseaux spécifiques, stations de ravitaillement pour le fret lourd, solutions adaptées à la mobilité ferroviaire ou maritime.

L’Agence internationale de l’énergie rappelle : l’hydrogène doit compléter l’électrification directe, pas la supplanter. Les usages prioritaires ? L’industrie lourde, le stockage saisonnier d’électricité, la mobilité longue distance.

Le défi : transformer les démonstrateurs en chaînes industrielles robustes. Le secteur privé et les États devront jouer collectif. Déjà, l’Europe, le Canada, l’Asie – Japon, Corée du Sud – investissent massivement. L’heure n’est plus au simple pari : les dés sont jetés, et la course vers la maturité industrielle a bel et bien commencé. Reste à savoir qui franchira la ligne d’arrivée en tête, et si l’hydrogène saura enfin tenir ses promesses sans s’évaporer en chemin.

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